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Alors que le printemps bat son plein, de nombreux visiteurs ont remarqué des accumulations de copeaux de bois ici et là sur la montagne ainsi que des trouées dans les boisés causées par l’abattage récent d’arbres. En fait, il s’agit des conséquences du plan de lutte à l’agrile du frêne déployé sur la montagne depuis 2017 pour aider la forêt du mont Royal à y faire face.
 

Photo: Antonin St-Jean

Campagne contre l’agrile du frêne

Lancée par la Ville de Montréal, cette vaste opération pour réduire l’impact de l’agrile du frêne et ralentir la propagation de cet insecte a mené à l’abattage de milliers de frênes dépérissants dans les forêts du mont Royal. Les frênes sains ont été traités pour les protéger de l’agrile et prolonger leur survie. Après trois ans, environ 30% des 10 200 frênes* sur la montagne sont toujours sains, mais leur déclin se poursuivra assurément au cours des prochaines années, car le traitement n’est pas efficace à 100% et doit être renouvelé aux deux ans. Il faudra ainsi s’attendre à d’autres abattages.



Couper et déchiqueter pour mieux protéger 

Pour réduire l’impact sur les milieux naturels, les coupes ont lieu en hiver. Les branches et les petits arbres sont déchiquetés sur place pour s’assurer de ne pas laisser de larves vivantes dans la forêt et conserver la biomasse sur place. Ces débris ligneux sont pulvérisés sur le sol en couche mince de 10 cm maximum. D’ailleurs, on les remarque en abondance dans le parc depuis la fonte des neiges (la neige fondant moins vite sous les copeaux, la couche apparaît plus épaisse qu’elle ne l’est). 

Ces débris de bois favorisent la pédofaune du sol (invertébrés, insectes), les champignons et les micro-organismes qui vont décomposer cette matière rapidement et enrichir le sol pour les végétaux présents. Ils protègent également le riche humus du sol du lessivage des pluies fortes et agir comme thermorégulateur en protégeant celui-ci des rayons du soleil. De nombreuses plantes et graines se fraieront un chemin dans les copeaux qui seront beaucoup moins visibles dans quelques mois.

Bienvenue aux rayons du soleil

Les ouvertures dans la canopée créées par la coupe des frênes amènent plus de lumière au sol, ce qui favorise le développement de la végétation présente dans les trouées. Des plantations d’arbres et d’arbustes sont menées depuis 2018 suite aux abattages pour soutenir cette régénération naturelle et prévenir l’installation d’espèces envahissantes.


Photo: Richard St-Jean

D’ailleurs, pour que la régénération de la forêt puisse se faire avec succès, il importe pour tout visiteur de rester dans les sentiers existants voire de privilégier le chemin Olmsted pour les prochaines semaines. Le sol très humide au printemps est particulièrement sensible à la compaction, et il suffit du passage de quelques personnes pour affecter le fonctionnement des racines des petits végétaux et entraîner leur mort. Dans les zones escarpées de la montagne, cette compaction favorise également l’érosion des sols et, à terme, le dépérissement et la chute des plus grands arbres.   

L’infestation de l’agrile du frêne aura eu beaucoup de répercussions sur l’environnement urbain tant au mont Royal qu’ailleurs. Au fil des prochains jours et semaines, en laissant faire Dame Nature, la montagne se reverdira tranquillement et la nature reprendra le dessus, effaçant les traces laissées par les coupes.

*Inventaire réalisé en 2017
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